Croiser les bras : barrière ou pas ?
Idée reçue numéro 1 dans le langage non verbal : croiser les bras est un geste de barrière que l’on place entre soi et son interlocuteur. Autrement dit, quelle que soit la situation, croiser les bras voudrait dire qu’il y a un blocage de la part de la personne qui fait ce geste ou bien que quelque chose ne lui plait pas.
Et bien pas du tout, il s’agit là d’une conclusion hâtive !
Chaque geste s’analyse d’après un ensemble d’éléments : la situation dans laquelle le geste se produit, à quel moment précis de la conversation peut-on observer un changement d’attitude, et surtout, que disent les autres parties du corps : le visage, les mains et les jambes.
C’est uniquement après avoir analysé l’ensemble de ces éléments que nous pourrons en conclure si oui ou non il s'agissait d’un geste de fermeture, de repli sur soi ou de barrière.
Croiser les bras pour se concentrer
Imaginez une conversation entre amis, l’un raconte une histoire très intéressante, une anecdote surprenante qui lui est arrivée. Vous vous surprenez alors en train de croiser les bras, pendant que votre buste s’incline légèrement vers l’avant. Pensez-vous que ce soit un signe de fermeture ? Pas du tout. Lorsque quelque chose nous intéresse beaucoup ou éveille notre curiosité, nous nous concentrons sur ce qui est dit, et nous avons tendance à nous caler dans une position confortable pour réfléchir tout en avançant notre buste vers la personne qui parle. Cette position nous aide à n’être qu’à l’écoute de notre interlocuteur.
C’est donc ici une simple posture de concentration.
On ne pourrait en aucun cas l’analyser comme une position de barrière. Vous remarquerez également que dans cette posture, les yeux de la personne qui croise les bras sont fixes, ils clignent très régulièrement en signe d’intégration des informations qui lui sont dispensées, on dit qu’il “imprime” dans son cerveau les informations qu’il souhaite retenir. Ceci est aussi un signe de concentration.
Croiser les bras pour le confort
Croiser les bras reste, dans une grande majorité des cas, une posture confortable, principalement pour les femmes. C’est une attitude naturelle pour la plupart d’entre elles. Le plexus est la partie sensible des femmes. En mettant quelque chose devant soi à ce niveau, on se sent protégée, en sécurité. Il n’est pas rare de croiser une secrétaire dans les couloirs d’un bureau, tenant un dossier devant sa poitrine. C’est presque un réflexe.
Quand un groupe de personnes se parlent, debout, avant ou après une réunion, par exemple, vous remarquerez que plusieurs d’entre elles croisent les bras. Dans la position debout, on se demande toujours quoi faire de ses mains. Les mettre dans ses poches donnent une attitude souvent perçue comme trop désinvolte, les tenir dans son dos ne paraît pas très naturel. Le plus simple est encore de croiser les bras, ainsi nos mains sont calées.
Donc, croiser les bras devant son plexus contribue à se sentir à l’aise, confortable, calé et en sécurité. Aucun signe de barrière dans ce cas non plus.
Croiser les bras pour mettre une barrière
Imaginez maintenant une conversation entre différents collaborateurs au sein d’une entreprise. L’un d’eux expose les différentes orientations qu’il souhaite apporter à l’entreprise et les dossiers qu’il va falloir traiter en priorité. Il est courant d’observer alors un changement d’attitude corporelle chez certains des protagonistes. L’un peut croiser les bras, un autre se pincer le nez furtivement, un autre pourrait avoir les poings fermés.
Tous ces gestes seraient alors en mesure d’être interprétés comme des signes réprobateurs à ce qu’ils entendent. Leurs corps manifestent leur refus de collaborer dans le projet, par simple peur d’une masse de travail supplémentaire ou par crainte de ne pas être à la hauteur du travail et des résultats escomptés, ou encore parce que l’idée vient d’une personne qu’ils ne considèrent pas et qu’ils ne veulent pas suivre. Cela ne veut pas dire forcément qu’ils sont directement en colère contre celui qui a la parole, ils peuvent simplement douter d’eux-mêmes en adoptant cette attitude.
Là encore il faut savoir se questionner sur ce qui crée le changement de posture, et ne pas faire de conclusion trop hâtive. Mais croiser les bras, dans cette situation précise, est bien un signe de fermeture, de barrière imaginaire posée entre soi et son interlocuteur, pour se protéger ou se distancier de ce qui est dit.
Conclusion : il y a mille situations où vous allez observer ce geste chez vos interlocuteurs ou vous-même. Prenez bien le temps d’identifier le contexte, et le moment où le changement de posture se produit, et rappelez-vous que dans la plupart des cas, il ne s’agit pas d’un geste de fermeture, mais au contraire c’est simplement un geste de confort ou de concentration.